8 choses que les hommes peuvent faire à part "nous croire" #StopCultureDuViol
Voilà donc 8 choses que les hommes peuvent
faire pour combattre la culture du viol.
1)
Parlez aux hommes
C’est bien beau les belles paroles dans les
événements féministes mixtes, les statuts Facebook sur vos inquiétudes par
rapport à vos filles, et les mots d’encouragements pour les femmes, mais que
faites-vous pour mettre fin au viol? Parlez à votre fils, à votre frère, à
votre meilleur ami. La culture du viol se cache aussi dans votre réseau.
Une étude rapportée dans les médias cette semaine
concluait qu’un tiers des hommes violeraient s’ils pouvaient être certains qu’il
n’y aurait pas de conséquences. Dans notre société, le viol est très, très
rarement puni – au point où on peut approximer qu’on peut violer sans
conséquences. Cherchez ce tiers d’hommes dans votre entourage – celui qui veut
violer, ou qui a probablement déjà violé. Il est extrêmement difficile pour les
femmes d’éduquer les violeurs. Le travail vous revient.
Même si cette étude a fait beaucoup parler
dans les derniers jours, elle ne devrait pas vraiment nous surprendre. Une
logique élémentaire veut qu’il n’y ait pas que deux ou trois hommes qui violent
à eux seuls des milliers de femmes. Si je connais facilement une trentaine de
femmes qui ont été violées, tu connais sans doute une trentaine d’hommes qui
ont violé. On me fait toujours remarquer qu’un homme peut violer plus d’une
femme – on oublie que des femmes sont violées par plus d’un homme. Cessez de
rationnaliser et passez au travail.
2)
Désolidarisez-vous des
agresseurs
Vous avez peut-être vu passer le
témoignage d’une survivante qui titrait
« J’ai 189 amis en commun avec avec le mec qui m’a agressée sexuellement ».
Le viol de fond de ruelle est un stéréotype : la majorité des viols sont commis par des hommes proches de nous. Ça veut dire qu’après le viol on se retrouve avec les mêmes amis, le même entourage qui souvent ferme les yeux. La victime se retrouve ostracisée de son réseau alors que l’agresseur garde tous ses amis.
Le viol de fond de ruelle est un stéréotype : la majorité des viols sont commis par des hommes proches de nous. Ça veut dire qu’après le viol on se retrouve avec les mêmes amis, le même entourage qui souvent ferme les yeux. La victime se retrouve ostracisée de son réseau alors que l’agresseur garde tous ses amis.
Lorsqu’un homme qui vous connaissez est
dénoncé, il est essentiel de vous désolidariser. Cela ne contredit pas le point
1 : si vous arrivez à la sensibiliser et à l’amener à accepter sa
responsabilité, tant mieux. Mais les hommes ne violent pas tous par manque d’information.
Les hommes choisissent de violer. Vous ne pouvez pas faire grand-chose pour qu’une
responsabilité criminelle leur soit imputée, mais vous pouvez participer à la
responsabilisation sociale. Aller prendre un verre avec un violeur vous rend
complice. Inviter un violeur à une soirée sociale vous rend complice. Fermer
les yeux est toujours plus facile, mais les femmes n’ont pas ce luxe.
3)
Lisez des témoignages de
survivantes
Dans un récent article, je partageais l’incrédulité
que j’ai vécue lorsque j’ai réalisé qu’un ami n’avait jamais entendu une femme
lui raconter un viol. Comment peut-on être solidaire quand on ne comprend pas
la réalité des femmes? Si vous êtes un homme cis, vous ne comprendrez peut-êtrejamais l’emprise du viol et de la peur du viol sur nos vies. Il est tout de
même important de faire l’effort d’entendre ces histoires, pas seulement pour
développer votre empathie mais aussi pour corriger vos idées fausses sur les
viols « ordinaires ».
Si vous n’avez pas été agressé sexuellement
et que vous n’avez pas de trigger particulier
lié aux témoignages de viol, allez faire un tour sur le site de Je suis indestructible et lisez les témoignages. Ce sera désagréable, mais chaque
témoignage que vous lirez est une chose de moins qu’une survivante proche de
vous devra vous apprendre.
4)
Mobilisez-vous
Il a été décidé que la manifestation serait
mixte. Sachez que cette décision ne fait jamais l’unanimité. Réfléchissez sur
quelle doit être votre place dans la mobilisation féministe, et occupez-la. Gardez
les enfants d’une manifestante. Surveillez les antiféministes qui pourraient
venir menacer la sécurité des participantes. Marchez à l’arrière du groupe. Préparez
le café. Quelle que soit votre implication, assurez-vous qu’elle soit la
bienvenue, et qu’elle vous permette de passer de la parole aux actes.
![]() |
Bannière de la manifestation anti-viol Stop la culture du viol: https://www.facebook.com/events/1114460498641519/
Crédit Maude Bergeron / Les folies passagères
[Description d'image: dessin de mains et de lèvres de différentes couleurs sur un fond blanc. Il est écrit au centre #STOPCULTUREDUVIOL]
|
5)
Soyez à l’écoute
La mobilisation des hommes est importante,
mais seulement lorsqu’elle n’est pas contre-productive. Les féministes ne
peuvent pas toujours passer leur temps à expliquer aux hommes pourquoi leurs
comportements sont problématiques. Si on vous dit que marcher à l’avant de la
manifestation est problématique, épargnez à tout le monde un cours magistral et
déplacez-vous vers l’arrière. Si une féministe vous dit qu’un article que vous
avez partagé est problématique parce qu’écrit par un non-allié, supprimez le
partage. Soyez à l’écoute. Ce n’est pas plus compliqué que ça.
Et pour les intellos qui veulent toujours
tout comprendre : vous survivrez à faire confiance au jugement de femmes
qui dédient leur vie à la cause. Ne pas être Monsieur-je-sais-tout une fois
dans votre vie ne vous tuera pas.
6)
Faites un don
En tant qu’homme, vous gagnez probablement
environ 25% de plus qu’une femme à compétences égales. Cet argent lui est en
quelque sorte volé : dans un monde égalitaire, votre salaire serait
inférieur. Si vous en avez les moyens, pourquoi ne pas chercher à réparer cette
injustice en faisant un don unique ou régulier à une organisation féministe,
comme la Fédération des femmes du Québec qui a été saccagée par les coupures,
ou un centre pour femmes victime de violences qui doit chaque année refuser des
femmes par manque de ressources?
7)
Surveillez les hommes
La plupart des hommes n’ont
pas la moindre idée de l’effort mental que les femmes consacrent à assurer leur
sécurité. Ce travail est épuisant et ne devrait pas seulement reposer sur nos
épaules.
Et si, au prochain party, vous buviez un peu moins et surveilliez un peu plus? Si vous
voyez un homme harceler une femme, intervenez. Si vous voyez un homme droguer
une femme, intervenez (on dirait que cela va de soi, mais des expériences
montrent que les hommes gardent souvent le silence dans ces situations). Si
vous voyez une femme désorientée ou intoxiquée, avertissez ses amies, appelez un taxi, demandez-lui si elle a besoin d’aide.
Les femmes apprennent vite à reconnaitre
une autre femme qui, malgré son sourire, se sent coincée. On se donne des « codes »
pour se « sauver » lorsqu’un gars est un peu trop insistant. Si les
hommes étaient plus attentifs, ils pourraient aussi intervenir lorsque leur ami
place une femme dans une telle situation.
Ce n’est pas aux hommes de sauver les
demoiselles en détresse sur leur cheval blanc. Certains comportements, comme
offrir de raccompagner une femme chez elle, touchent parfois le sexisme
bienveillant (ou fait de vous le danger potentiel). Respectez avant tout les
besoins des femmes. Cela ne vous empêche pas de discuter avec vos amies proches
de ce que vous pouvez faire pour qu’elles se sentent plus en sécurité.
8)
« On vous croit » :
êtes-vous sûr?
C’est le temps de faire un peu d’introspection.
Lorsque vous écrivez #OnVousCroit sur Facebook ou Twitter, y croyez-vous
vraiment? Croyez-vous les femmes même lorsque les médias font tout pour les
discréditer? Croyez-vous les femmes même lorsqu’elles boivent? Croyez-vous les
femmes qui ne cadrent pas avec votre image de la bonne victime? Croyez-vous les
femmes qui accusent votre meilleur ami? Si vous avez répondu « non »
à ces questions, vous faites partie du problème. Si vous êtes encore pris dans
la mentalité de la « présomption d’innocence » et des « deux
côtés de la médaille », dire « on vous croit » est hypocrite.
Et le plus important : croyez-vous les
femmes qui vous accusent de viol? Si
une de vos anciennes partenaires affirme que vous l’avez agressée sexuellement,
passerez-vous tout de suite dans la défensive, ou vous remettrez-vous en
question? Dire à un homme qu’il nous a violée demande beaucoup de courage et
donne rarement de bons résultats. Apprenez à accepter votre responsabilité dans
la culture du viol. Apprenez à écouter. Apprenez à mettre vos idéaux devant votre
orgueil. Apprenez à réellement nous croire.
Vous avez aimé cet article? Vous aimerez aussi Ce que les hommes ne comprendront jamais, Tais-toi et crois-moi, ou d'autres articles sur ma page "Hommes et féminisme".
Pour encourager ce blogue, vous pouvez aimer sa page Facebook et partager cet article.